LA LETTRE DU GOSHIN BUDOKAI automne 2005

KIME

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Les professeurs
de karaté exigent généralement de leurs élèves un « kime »
énergique,
celui-ci étant censé être le secret qui confère à cet art martial sa
légendaire
efficacité. Cependant peu d’explications sont fournies. Tout au plus le
karatéka comprend-il qu’il doit frapper fort. Certes, ceux qui
s’entraînent
depuis plus de dix ans n’ont pas besoin des mots pour comprendre ce que
signifie avoir un bon kime ; cela se sent. Encore que…
Anecdote : un
4e dan, policier en civil, raconte une
mésaventure :
« Je frappais, je frappais et le gars ne bronchait
pas… » Vingt
ans d’entraînement pour en arriver là, quelle tristesse ! Et ce
n’est
pas un cas isolé.
Nous négligeons
trop souvent ce qui nous semble évident. En conséquence, nous faisons
mal de
nombreuses choses simples. Le kime est l’exemple parfait d’une
technique
apparemment simple, donc négligée, mais réellement complexe et, en
conséquence, souvent mal
exécutée
puisque tous les paramètres ne sont pas appréhendés correctement.
« Kime »
signifie « énergie pénétrante ». Lors d'un atemi
(coup porté sur
le corps), le kime correspond à la brève et intense libération
de l'énergie
sur le point d'impact. Alors que les experts le présentent comme
essentiel, la
littérature sur ce sujet est curieusement restée quasi-vierge de toute
velléité
d’analyse. Cet article essaiera modestement de combler cette lacune.
Après nous être
interrogé sur sa pertinence, nous décortiquerons la méthode permettant
d'obtenir un bon kime puis nous verrons quelles évolutions sont
possibles pour
les gradés.
De
la pertinence du kime
Pour le spectateur, ce qui caractérise
le karatéka,
c’est l’alternance de gestes extrêmement rapides, le plus souvent
rectilignes, et de brefs moments d’immobilité totale (entre un dixième
et
une seconde environ). C’est cet arrêt net et précis à la fin de chaque
technique obtenu grâce à une forte contraction musculaire qui est nommé
« kime ».
Le travail
d’un boxeur au punching-ball est fort différent : il réalise, d’un
mouvement rapide et continu du poing, de petits cercles qui viennent
percuter le
ballon. Objectif : acquérir la plus grande vitesse d’enchaînement
possible afin de multiplier les touches, fatiguer l’adversaire et
marquer des
points. Tous les sports de combat (ainsi nommés par opposition aux arts
martiaux) ont adopté les mouvements circulaires (swing, crochet) et
courts
(direct, uppercut) car ils permettent d’assener des séries de coups
impressionnantes de vélocité. Cependant, la mise hors de combat de
l’adversaire ne surviendra qu’après avoir porté de nombreux impacts, la
plupart d’entre eux n’étant que de simples touches, parfois dures mais
rarement décisives car seul le bras entre réellement dans la puissance
de la
frappe et les trajectoires courtes ne génèrent pas suffisamment
d’énergie.
Le K.O. ne surviendra qu’après plusieurs rounds sur un adversaire
affaibli.
Précisons toutefois que le port des gants est largement responsable de
cette
forme de travail et que l'extraordinaire puissance des boxeurs depuis
quelques décennies ‒ musculation... dopage ? ‒
les incite plus qu’avant à chercher le K.O. rapidement.
Nous sommes à
l’opposé des principes fondamentaux de la plupart des styles de
karaté :
Shotokan-ryu, Shito-ryu, Goju-ryu, Uechi-ryu, etc. Même si l’on observe
fréquemment
des évolutions sportives de ces arts martiaux, ils ont été conçus à des
fins guerrières, puis d’autodéfense (goshin) et restent
imprégnés de leur
vocation initiale.
La victime
d’une agression dispose d’une fraction de seconde pour surprendre et
éliminer
son agresseur même si celui-ci est avantagé physiquement. En effet,
lorsque l’agresseur agit, son esprit est mobilisé par la conduite de
son
action, elle-même motivée par des mobiles inavouables, et s’il attaque
c’est qu’il est persuadé de sa supériorité. Il est donc loin d’avoir
l’esprit libre et tranquille (mushin). Comme nous l’avons déjà
vu
dans de précédents articles, un esprit encombré est inapte à
l’observation, à l’analyse et au choix de la bonne décision.
Paradoxalement, l’agresseur qui se croit fort est en réalité dans un
état
de relative faiblesse. Ainsi la victime a-t-elle l’opportunité de
renverser
la situation à son avantage si elle utilise judicieusement ces brefs
instants où
les défauts de la cuirasse sont exploitables. A contrario, si
l’assaillant
n’est pas immédiatement neutralisé, un combat va s’engager et là
l’avantage de la surprise aura disparu. Un atemi unique et
décisif entraînant
K.O. ou invalidité fonctionnelle constitue donc la meilleure réponse à
l’agression violente. De plus, c’est la seule solution réaliste lors
d’une attaque perpétrée par plusieurs individus ; si vous
consacrez
trop de temps à la maîtrise d’un adversaire, le combat est perdu
d’avance.
Cette technique porte un nom : « chi mei »,
littéralement coup
décisif. Elle est, à mon sens, un des piliers de l’art martial.
Si l’on
souhaite dépasser l’aspect sportif de son entraînement et acquérir une
efficacité sans faille dans toutes les situations de violence, il
s’avère
indispensable de se préparer au chi mei, or le kime est
indissociable de
celui-ci. De fait, le chi mei exige une technique parfaite, une
précision
absolue, un timing impeccable, une inébranlable détermination et une
puissance
explosive que seul le kime peut conférer, nous verrons pourquoi
plus loin. Dans
le cadre de l’art martial, se forger un solide kime semble bien
incontournable. Pourtant, à l'instar du wu-shu (arts martiaux
chinois), certains experts,
de
style Shotokai par exemple, mais aussi d'autres styles, y-compris
Shotokan, pratiquent sans kime. Le court arrêt, dont la durée
est parfaitement modulable, induit par le kime pourrait,
d'après eux, être mis à profit par les adversaires. C'est oublier la
diversité des formes de kime qui offre de nombreux choix ;
entre
autres, un kime appuyé, dont la pertinence sera démontrée plus
loin, et
un kime rebondissant, qui permet des enchaînements rapides. À
ce jour,
leurs
explications et démonstrations ne nous ont pas convaincu ; c’est
pourquoi nous développerons nos propres arguments sans nous émouvoir
des
quelques divergences que le monde des arts martiaux héberge.
Pour la majorité
des spécialistes, le terme « kime » désigne l’instant
de la
contraction musculaire à la fin de l’atemi. Cependant on ne peut
dissocier
cette explosion d’énergie de la phase d’accumulation puisque celle-ci
conditionne la puissance du kime. Notre analyse portera donc
sur l’ensemble
des paramètres constitutifs de l’efficacité du kime.
- Le kime garantit l’efficacité
de l’atemi.
L’énergie
cinétique (E) d’un mobile est égale à la moitié du produit de sa masse
(m)
par le carré de sa vitesse (v). Soit : E = ½mv2.
La célérité est prépondérante. C’est
pourquoi, en karaté, nous travaillons inlassablement notre vitesse et
mobilisons, autant que faire se peut, le corps entier sur chaque
technique (la
poussée du hara vers l’avant en tsuki ou keri).
Mais que se passe-t-il au
moment de l’impact ? Imaginons deux objets de forme identique et
de même
poids animés de la même vitesse ; l’un est en acier, rigide
mais
creux, l’autre est en caoutchouc, plein mais élastique. Ces deux
mobiles dont les énergies
cinétiques
sont identiques vont-ils causer les mêmes dommages en cas de collision
avec un
obstacle ? Évidemment non ! Le
caoutchouc va faire office d’amortisseur, sa déformation dissipant
une part notable de l’énergie totale, puis
il va rebondir, alors
que l’acier, indéformable, va démolir la cible.
Le corps du karatéka peut se comparer à
ces deux mobiles. Lors du kime, la contraction de
l’ensemble des muscles transforme le corps en un bloc solide et
l’énergie
développée par la technique se propage intégralement dans la cible. A
contrario, un relâchement, même partiel, introduit de multiples zones
d’absorption d’énergie comme dans les modernes carrosseries de nos
véhicules
automobiles ; la cible ne reçoit qu’une fraction de l’énergie.
- Le kime permet une grande
précision.
À l’impact,
la contraction simultanée des muscles agonistes (qui créent le
mouvement) et
des muscles antagonistes (qui stoppent le mouvement) fige le geste
dans une
position très précise. Lors d’une frappe du poing dans le vide, on
observe
parfois un tremblement d’une dizaine de centimètres d’amplitude
latérale
quand le kime n’est pas parfait, or l’efficacité exige une
précision de
l’ordre du centimètre, voire moins. De plus, un kime
correctement exécuté
permet de moduler la pénétration de l’atemi, donc les effets de
celui-ci.
- Le kime assure la stabilité.
En aïkido, de
nombreuses techniques s’exécutent sur un adversaire qui attaque avec oi
zuki
(coup de poing en avançant). Cependant, les aïkidokas pratiquent
presque
tous oi zuki sans kime. Utiliser ce mouvement
en l’amplifiant pour projeter Tori (l’attaquant) est ainsi très facile,
mais sur un oi zuki de karatéka, rapide et avec un solide kime,
seuls les véritables
experts parviendront à réaliser une projection. En effet, dans la
pratique
habituelle du tsuki d’aïkido, Tori est vulnérable sur toute la
trajectoire
de son attaque et même après. Avec kime, seule la fraction de
seconde précédant
l’impact offre une opportunité à l’adversaire ; ensuite, Tori est
indéracinable.
- Le kime induit une conviction
sans faille.
Le kime n’est
pas un réflexe naturel. Pour que le kime s’exprime, il faut le
vouloir. Au
dojo, le karatéka qui recherche le maximum d’efficacité (le chi mei)
conjugue
simultanément l’ensemble de ses capacités physiques et
psychiques :
l’intégralité du ki (l’énergie fondamentale) est dirigée vers
l’objectif. Dans la plupart des sports l’entraînement est
essentiellement
physique. Cela impose à l’entraîneur de préparer mentalement son
athlète
(sophrologie, programmation neurolinguistique, etc.) pour chaque
compétition,
seul moment où l’esprit est totalement sollicité. L’entraînement
traditionnel de karaté, compte tenu de cette recherche du chi mei,
intègre en
permanence le mental et le physique dans une même dynamique. Ainsi la
sollicitation physique du karatéka dans le cadre d’une agression
mobilise
automatiquement ses capacités mentales, car la réalisation d’une
technique se
fait instinctivement avec le soutient total de la sphère psychique. À
l’inverse du sportif lambda, le karatéka est toujours prêt.
- Le kime évite des blessures
articulaires.
Lors des premières
séances de tsuki, les débutants se blessent parfois le coude.
Le poing, lancé
vers l’avant, entraîne le bras dans une extension complète et
l’articulation du coude arrive en butée, aidée parfois en cela par la
défense adverse, ce pour quoi il n’est pas conçu. Un bon kime
juste avant
l’extension complète du bras évitera ces douleurs invalidantes. Bien
pratiqué,
notamment avec un bon kime, le karaté ne doit occasionner
aucune lésion de
l’appareil locomoteur.
- Le kime évite de se faire
contrer trop durement.
De nombreux
combattants ont subit la douloureuse expérience du K.O. respiratoire.
Aucune
conséquence fâcheuse, mais ça fait mal. Un kime défaillant n’a
pas permis
une bonne contraction de la sangle abdominale lors de l'attaque et la
technique de contre adverse
est venue
bousculer les organes internes, déclencher un spasme du diaphragme et,
bien sûr,
bloquer la respiration. Le karatéka confirmé ne devrait plus subir cet
inconvénient.
Les paramètres d’un bon kime.
J’espère que
vous êtes maintenant convaincu de l’utilité du kime.
D’ailleurs, un coup
d’œil sur les compétitions de combat de karaté suffira à finir de vous
convaincre : alors que le contrôle est obligatoire (à la tête, les
coups
doivent effleurer), il est fréquent d’assister à des K.O. quand le
contrôle
d’un tsuki n’a pas été parfait, malgré l’amorti du gant (3
centimètres
de mousse) et un contrôle
partiel, car celui-ci existe toujours même s’il est mal géré. On
imagine
aisément
ce que pourrait être un tsuki à main nue donné à pleine
puissance.
Essayons donc
de cerner les paramètres constitutifs du kime parfait.
On a compris
qu’au moment de l’impact le corps devait être contracté de manière à
former un bloc rigide. Cependant, ce n’est pas suffisant ; si vous
contractez l’ensemble de votre musculature dans votre lit, aucun
adversaire ne
va tomber sauf, peut-être, dans vos rêves. Votre position à l’instant
où
la contraction a lieu est d’une énorme importance ; une bonne et
solide
position arrêtera un taureau qui charge (d’accord… un petit taureau).
Et
puis l’instant où le kime se produit n’est pas anodin : un
kime dans
le vide n’a jamais éliminé le moindre adversaire. Quoique… à Bercy,
lors
d’une très médiatique nuit des arts martiaux, des spectateurs médusés
en
ont vu la démonstration. Mais on a beaucoup sifflé.
Le kime repose
donc sur la mobilisation d’une énergie maximale alliée à une technique
qui
permet de la transmettre intégralement à l’adversaire. Voici les points
essentiels à surveiller.
L’organe
central et essentiel à la vie a longtemps été, en Occident, le cœur.
Puis le
cerveau l’a supplanté dans ce rôle. Les cultures japonaise et chinoise
placent depuis des millénaires le centre de la vie dans le hara
(aussi nommé
« tanden »). Situé environ trois largeurs de doigt
sous le
nombril, il est défini
comme le centre du ki, lui-même source de la vie. Cependant,
même si nous
n’adhérons pas aux théories bouddhistes, taoïstes, le yin et le yang,
etc. ce point
n’en reste pas moins le centre de gravité du corps. Ainsi, quand
l’instructeur demande de sentir que l’énergie vient du hara,
quel que soit
le système de pensée auquel on se réfère, cela a du sens.
Bien évidemment,
l’énergie produite dans le kime est potentiellement en nous (la
vitesse de déplacement
et celle de la technique proprement dite sont le fruit d’un pur travail
musculaire). Mais le kime d’un bon karatéka ressemble à une
véritable
explosion d’énergie, d’où les idées teintées d’occultisme d’aller
puiser dans l’énergie cosmique ou tellurique. Tel instructeur japonais
demande de capter l’énergie du sol par la plante des pieds, de sentir
qu’elle se concentre dans le hara et fuse par les kento.
Tel autre recommande
de se sentir en harmonie avec l’univers pour se remplir du ki
universel. Bien
que surprenantes pour nos esprits cartésiens, ces consignes donnent
néanmoins
des résultats tangibles. Les esprits pragmatiques et allergiques à la
poésie
ésotérique en feront facilement, si nécessaire à l’aide des paragraphes
suivants, des traductions conformes à la culture occidentale : la
première
des consignes se référant au physique, la seconde au psychique.
À l’impact,
pour que le corps se transforme en bloc d’acier, la contraction
musculaire
doit être intense et quasi générale, mais elle doit cesser très
rapidement
après le contact. C’est un défaut classique du débutant de rester
crispé. Or, pour aller vite, les muscles doivent être détendus,
souples.
Seuls les muscles moteurs doivent se contracter. L’idéal en karaté est
de
donner une impulsion au départ puis de laisser partir le poing ou le
pied en
totale décontraction, comme une pierre que l’on jette. En bout de
course, la
contraction simultanée de tous les muscles fige le mouvement dans une
position
précise. Si la technique se termine en même temps que le déplacement,
le
karatéka frappe avec tout son corps, pas seulement avec un bras ou une
jambe, ce
qui implique que le centre de gravité (le hara) soit le point
d’application
de la force à transmettre à l’adversaire, donc qu’une forte contraction
de
la sangle abdominale assure une liaison solide des membres avec le
tronc.
L’alternance
rapide de phases de contraction et de relâchement est une des bases
fondamentales de l’apprentissage du karaté. Les abdominaux sont les
seuls
muscles que l’on peut (et que l’on doit) conserver en tension durant un
combat ou un kata. En effet, les muscles moteurs prennent appui
sur la sangle
abdominale ; pour démarrer efficacement, il faut que celle-ci soit
déjà
contractée. De plus, le temps de réaction des abdominaux est assez
long ;
les maintenir en tension est nécessaire si l’on souhaite pouvoir réagir
rapidement. A contrario, une tension permanente dans un groupe
musculaire tel
que les épaules, les pectoraux et les dorsaux est un énorme gaspillage
d’énergie
(elle n’est pas inépuisable) et un frein qui s’oppose au mouvement.
Pour
amorcer un geste, il faut d’abord décontracter les muscles
antagonistes, manœuvre
beaucoup trop lente pour une prompte réaction face à l’attaque adverse.
La position du
corps doit être telle qu’aucune perte d’énergie ne survienne. Qu’une
épaule
se lève ou qu’un coude s’écarte du corps, et seul le bras frappe,
car
il est déconnecté de la poussée du hara. La position du
karatéka lors d’un
impact peut se comparer à un butoir de chemin de fer : bien que
relativement léger, il suffit pour arrêter un train qui circule à
faible
vitesse. Deux paramètres y contribuent : sa géométrie et la
solidité de
sa fixation au sol. Pour la géométrie, le karatéka surveillera la
rectitude de
sa jambe arrière : tendue, elle supportera une force
colossale ; fléchie,
une poussée violente de l’adversaire ne lui permettra pas de résister.
L’inclinaison de cette jambe arrière tendue, obtenue grâce à une
bonne flexion de la jambe avant, est déterminante : plus la jambe
arrière
se rapprochera de l’horizontale, plus la puissance supportée sera
élevée,
avec une limite liée à l’adhérence du pied sur le sol. À chacun de
trouver
le bon compromis qui dépendra, entre autres, de la nature du sol, mais
il faut
sentir la plante de ses pieds, de la pointe des orteils au talon,
collée au
sol.
L’entraînement
au makiwara ou au sac de frappe donnera toutes les clés sur
l’instant où le kime doit intervenir : juste au contact
ou
plus loin, après avoir pénétré
de quelques centimètres. Comprenons simplement que la pénétration
aboutie à un écrasement des tissus, alors que le kime libère
une onde de
choc. Le système osseux propage facilement l’onde de choc, mais les
tissus
mous l’absorbent ou l’atténuent. Il faut donc compresser les tissus
mous (abdomen) avant
de libérer le kime. Quand les os sont
immédiatement
perceptibles sous le point d’impact (la tête), le kime peut se
faire dès le
contact. Sur les parties osseuses élastiques (cage thoracique), kime
de surface
et kime profond auront des effets différents. Certains experts
font des démonstrations
spectaculaires (à ma connaissance, c’est Bruce Lee qui en est, sinon
l’inventeur, au moins le vulgarisateur) : le poing placé sur le
sternum
d’un partenaire, bras fléchi, ils
tendent brusquement le bras (phase finale du tsuki). La
compression de l’avant
de la cage thoracique est suivie de l’expansion de l’arrière de
celle-ci et
se traduit par une projection impressionnante. Si plusieurs personnes
sont placées
l’une derrière l’autre, poitrine étroitement collée au dos du
précédent,
c’est la dernière qui subira la projection. Cependant ces experts sont
des
inconscients : ces techniques peuvent léser gravement les organes
sous-jacents de leurs malheureux partenaires.
Dans les kata,
il est d’usage de moduler la durée et l’intensité du kime. À
quoi cela
correspond-il dans la réalité ? Lorsque Tori, à l’aide d’une
technique de percussion, applique une force sur l’adversaire, il subit
en
retour une force de réaction (cela n’est pas seulement théorique :
tous
les karatékas font la différence entre un tsuki dans le vide et
sur un sac de
frappe). Si le kime de Tori est bon (position, contraction,
ancrage), cette
force sera neutralisée et l’énergie générée par le choc intégralement
transmise à l’adversaire ; dans le cas contraire, Tori risque fort
d’être
déséquilibré et renversé. En cet instant, la sensation de puiser
l’énergie
dans le sol aidera à construire l’efficacité de ses atemi
grâce, notamment,
à la qualité des appuis. On déduit
aisément
de cette analyse que le kime doit durer le temps nécessaire à
la
neutralisation de la force de réaction : long kime sur le hara
d’un
adversaire lourd qui charge, kime très bref, en attaque à la
tête, sur un
adversaire immobile ou qui recule.
La technique oi zuki en zen
kutsu dachi
est parfaite pour apprendre à produire un solide kime,
car, comme on l’a vu, celui-ci ne se résume pas à ce qui ce passe à
l’instant du choc : décontraction au départ (sauf les abdominaux),
accélération
brutale (poussée du pied arrière, traction du pied avant), position
stable
(pieds de part et d’autre de l’axe, pointés vers l’avant, jambe arrière
tendue) et standardisée au millimètre près à l’arrivée, synchronisation
du coup de poing avec la fin du déplacement (l’instant où le pied avant
s’enracine dans le sol) et contraction simultanée, intense et brève, de
l’ensemble des muscles nécessaires à une dynamique vers l’avant.
Souvent,
les débutants achèvent oi zuki avec la jambe arrière fléchie ou
le talon
levé ; ils adoptent ensuite la bonne position, jambe tendue et
talon au
sol dans l’effort louable de se conformer aux consignes de leur
professeur.
Cette erreur doit être immédiatement corrigée. C’est à l’instant de
l’impact que cette position est utile.
Un long entraînement
au choku zuki (coup de poing fondamental) en hachiji dachi
donnera
l’indispensable technique de bras. Notons deux points essentiels :
la
rotation du poing à l’impact et le hikite.
- Tourner les phalanges vers le sol
pendant les derniers centimètres de la trajectoire du tsuki
permet surtout d’éviter au coude de s’écarter du corps ; un coude
qui s’écarte est plus visible pour l’adversaire et il fait perdre de la
puissance. La rotation elle-même entraîne la contraction de
l’avant-bras et le solidarise avec le poing ; on évite ainsi les
entorses
du poignet. Durant toute la trajectoire strictement rectiligne, le
poing doit rester aligné avec l’avant-bras (position des pompes sur les
deux kento, index et majeur). Attention au mouvement de fouetté
de type uraken remontant qui donne une sensation de kime
mais place le poignet dans une position de fracture potentielle sur une
portion assez longue de la trajectoire.
- Le hikite (tirer la main en
arrière) est constitué d’une rotation brusque du poing, phalanges vers
le haut, lorsqu’il arrive à la hanche et d’un mouvement du coude que
l’on ramène dans le plan sagittal, ce qui provoque la contraction des
muscles dorsaux. Tsuki et hikite doivent être
parfaitement simultanés. Le kiai renforcera la contraction
abdominale. Le kime dépend de la parfaite synchronisation de
tous ces éléments. Le poing qui exécute le hikite vient se
placer juste au-dessus de la hanche, position qui offre une excellente
protection des côtes flottantes. Plus
bas, il témoigne d’un relâchement préjudiciable ; plus
haut, comme dans le style Shito-ryu, il expose inutilement un point
vulnérable.
Une dernière
observation : en passant du choku-zuki au oi-zuki,
nombre de débutants
synchronisent le mouvement de bras sur le déplacement. Le coup de poing
devient
ainsi très lent, car il démarre et se termine en même temps que le
déplacement ayumi-ashi. Le poing qui frappe doit être maintenu
à
la hanche pendant tout le
déplacement et libéré brusquement au moment où le pied se pose. Ainsi
réalisé,
le tsuki (c’est vrai pour toutes les formes d’atemi)
doit produire un
claquement sec du tissu du karate-gi comme celui que l’on
obtient avec un fouet.
Le oi zuki a
permis d’utiliser le déplacement pour développer la puissance générale
de
la technique. Qu’en est-il pour les techniques où le déplacement n’est
pas
possible comme un gyaku zuki sur place ? La réponse
habituelle des
experts est de préconiser une rotation rapide des hanches afin que le hara
soit
le centre énergétique de la technique : le gyaku zuki va
s’accompagner
d’un passage de hanmi zenkutsu dachi ou fudo dachi
(corps à 45°) à zenmi zenkutsu dachi (corps de face). Deux
points sont à surveiller :
- Sensei
Ohshima sensei était très ironique, lors d’un stage à Paris en 1980,
sur « ceux qui n’ont rien compris et font la danse du
ventre ». De fait, de nombreux karatékas, surtout wado-ryu et
shito-ryu, utilisent les hanches de manière totalement déconnectée du
reste du corps dans une dynamique prétendument ondulatoire. Ainsi, le
renforcement de la technique de bras est totalement illusoire puisque
cette oscillation des hanches relâche les abdominaux et ne permet pas
la poussée de l’ensemble du corps, mais le pire est le risque de se
démolir les vertèbres lombaires. Même le Shotokan-ryu s’est parfois
aventuré dans des pratiques préjudiciables. Tokitsu sensei avoue s’être
sévèrement blessé en suivant aveuglément pendant quelques années les
enseignements de Kase sensei dont il fut l’assistant à Paris (Officiel
Karaté N°14 octobre 2005). Il est impératif de lier la rotation des
hanches avec celle des épaules. Le corps doit tourner en bloc sans
torsion de la colonne vertébrale.
- Tourner autour de l’axe vertical du
corps n’ajoute pas suffisamment
d’énergie à la technique. Il faut obtenir une nette avancée du hara
pour
que l’effet soit sensible. S’il s’agit d’un hidari gyaku zuki
(à
gauche) en migi kamae (garde à droite), il faut pivoter autour
de la hanche
droite, pas autour de l'axe vertical du corps ; ainsi, le hara
est propulsé en avant. En
anticipant quelque peu,
il sera souvent possible d’augmenter le déplacement du hara
vers l’avant en
réalisant un yori ashi (pas glissé). Une bonne
flexion de la
jambe avant ajoutera quelques centimètres de pénétration.
D’autre part,
si nous reprenons l’image du butoir de chemin de fer, celui-ci n’a
aucune énergie
propre. Pourtant il arrête le train. Même si le karatéka ne s’est pas
déplacé
et n’a qu’une faible énergie cinétique à opposer à l’attaque adverse,
à condition que la position soit bonne et le tonus musculaire adéquat,
il peut
stopper durement un adversaire. Dans ce cas l’énergie dissipée dans le
choc
est essentiellement fournie par l’attaquant. Cependant, le kime
demeure
indispensable pour assurer la résistance de l’édifice sur lequel vient
s’empaler l’assaillant.
- Kime sur quelles
techniques ?
Pour le débutant,
la réponse est simple et sans ambiguïté : il faut faire un kime
sur
toutes les techniques, mais avec des nuances en fonction de la finalité
de
celles-ci. Une défense qui n’est qu’une déviation de l’attaque adverse
ne
nécessite pas une grande puissance ; dans ce cas un kime
bref permet
d’enchaîner rapidement la contre-attaque qui sera soutenue par un kime
nettement plus marqué. Si, dans les kime en zenkutsu dachi,
l’objectif est
de transmettre une force maximum vers l’avant, en kokutsu dachi,
le but est
d’absorber et de dévier la force. Pour reprendre les sensations
décrites
plus haut, en zenkutsu dachi, on puise l’énergie dans le sol
pour l’expédier
sur l’adversaire, en kokutsu dachi, on sent l’énergie de
l’adversaire
s’écouler dans le sol. Dans les deux cas, le kime permet une
liaison solide
entre l’arme naturelle qui frappe (ken, shuto, ude, etc.), le hara
et le sol
via les pieds. En kihon, on s’efforcera de produire un kime
maximum sur toutes
les techniques. Les kata, dès le Heian-shodan, introduiront les
subtilités nécessaires,
durée et intensité, pour une progression harmonieuse vers la maîtrise.
Très vite
cependant, le karatéka découvre toute une panoplie de techniques dites
« rebondissantes » : kin-geri, uraken-uchi,
yoko-geri-keage, etc. Pas de kime avec arrêt, mais un
rebond sur la
cible. L'efficacité absolue de ces techniques est largement moindre
mais elles ont leur intérêt :
elles permettent des enchaînements très rapides et évitent de se faire
saisir. Et certains points vitaux ne nécessitent pas de frapper fort
(yeux,
gorge, tempe, etc.). Toutefois,
aucune de ces techniques n’arrêtera un adversaire qui charge, a
fortiori un
taureau, ce qui les prédestine à l’attaque. En défense elles devront
être
couplées à une esquive.
La distance qui
sépare Tori de son adversaire doit permettre une frappe efficace.
Jamais il ne
faut compenser une distance défectueuse par une inclinaison du
buste :
vers l’avant quand on est trop loin, vers l’arrière dans le cas
contraire.
L’énergie se concentre dans le hara. Pour cela, il est
nécessaire de
maintenir son corps bien vertical, l’abdomen légèrement en avant des
épaules.
Une légère bascule du buste vers l’avant, hors l’exposition excessive
du
visage, décontracte les abdominaux ; toute efficacité disparaît.
Pour finir, soulignons l’importance de
la bonne exécution
technique des différents paramètres exposés ci-dessus. C’est la
maîtrise
totale de ceux-ci qui confère au kime sa puissance. Il ne faut
jamais développer
la sensation d’être fort, car cela se construit dans la lutte contre la
contraction des muscles antagonistes qui a pour effet de freiner le
mouvement.
Quand vous vous sentez fort, vous l’êtes beaucoup moins que vous ne le
croyez. C’est l’adversaire qui doit sentir votre force, pas vous.
- Unité du corps et de l’esprit.
Sans le mental,
la technique n’est rien. Cette vérité fondamentale doit inonder
l’esprit
du karatéka en permanence. On considère généralement que l’efficacité
repose sur 20 % de capacités physiques, 30 % de maîtrise
technique et 50 %
de
mental. Pour ma part, et sans remettre en question leur importance
respective,
je pense que chaque composante est indispensable : si le mental
est absent,
il ne reste pas 50 % d’efficacité, elle est nulle ; idem sans
technique.
Les capacités physiques, elles, ne sont jamais nulles ; ce n’est
pas une
raison pour les négliger. Améliorer sa souplesse et sa vitesse sont des
éléments
importants de l’entraînement, mais l’esprit doit faire l’objet de
toutes
les attentions afin d’en perfectionner le fonctionnement. L’esprit doit
être
un outil, pas un handicap. À cette fin, dans le recherche du chi mei,
l’esprit doit totalement s’investir et ne laisser aucune place à une
éventuelle
pensée parasite. Cet investissement se retrouve dans le kiai
qui doit être
puissant et profond. Un bon kiai naît dans le hara et
fait trembler les murs.
J’entends trop souvent des kiai timides, qui s’étranglent dans
la gorge, témoins
de freins psychologiques sous-jacents.
Pour aller plus loin.
La recherche et
l’amélioration du kime doit être un souci permanent du karatéka
jusqu’au
cinquième dan. Au-delà, la subtilité deviendra prépondérante.
Cela ne veut
pas dire qu’un premier ou deuxième dan ne peut pas faire preuve
de finesse,
mais le kime reste le point essentiel de sa force de dissuasion
et c’est sur
elle que repose sa sérénité. Le karatéka doit être capable de mettre
K.O.
n’importe quel individu à l’aide d’un seul atemi. Cependant la
subtilité
peut fort bien porter sur le kime lui-même.
Est-il toujours
nécessaire de tourner le poing à l’impact ? Si la pénétration d’un
tsuki est de plusieurs centimètres, il est utopique
de vouloir tourner le poing
à la fin de la trajectoire, car les frottements s’y opposent fortement,
mais
le poignet doit être parfaitement maintenu, donc la rotation doit être
amorcée
pour assurer la contraction de l’avant-bras. Jodan, sur un
adversaire de
grande taille, le tsuki classique est inadapté, car ce sont les
doigts et non
les kento qui touchent les premiers. Dans ce cas, tate zuki
(poing vertical)
est préférable, une bascule du poing vers le bas remplaçant la
traditionnelle
rotation. De nombreux karatékas, même de haut niveau, continuent
cependant à
tourner les phalanges vers le bas en attaquant jodan, à cause
des protections
qui ne permettent pas la finesse de l’analyse que nous venons de
présenter.
Une difficulté équivalente se présente avec les débutants ou certains
avancés
qui attaquent chudan à faible distance ; en voulant
absolument tourner le
poing, ils se retrouvent avec le coude largement sorti sur l’extérieur
et
l’épaule levée alors que tout irait pour le mieux avec ura zuki
dont la
rotation en sens inverse produit le même effet de contraction de
l’avant-bras. Ainsi la rotation du poing s’avère indispensable en
apprentissage car elle inculque le verrouillage du poignet à l’impact,
mais
une fois cet automatisme acquis, il convient de s’échapper des
contraintes éducatives.
Rappelons-nous qu’une des grandes qualités du karatéka est
l’adaptabilité
aux circonstances. Cette dernière consigne est toutefois à prendre avec
prudence. Certains pensent pouvoir évoluer vers des sensations plus
personnelles alors que les bases ne sont pas totalement maîtrisées (Cf.
notre
4e dan de l’introduction). Il faut suivre
rigoureusement les
conseils de son sensei.
Quels sont les
effets de l’onde de choc ? Les os peuvent se briser ; les
organes
peuvent être lésés. Quelles lésions, avec quels effets ?
Instantanés
ou différés ? Le champ exploratoire est immense. Dans cette
optique, on
pourra tester quelques options.
Premièrement,
le dosage du kime et d’abord une mise au point : il ne
faut pas confondre
la vitesse instantanée à laquelle arrive une technique et le temps mis
pour réaliser
cette technique. En raccourcissant les mouvements, vous mettez moins de
temps,
mais vous arrivez moins vite, donc avec moins d’énergie. Faites
attention à
ne pas cultiver les illusions et travaillez toujours avec de longues
trajectoires. Certes, il est possible d’améliorer son accélération,
mais il
est préférable d’en profiter pour développer une puissance supérieure.
Pour réaliser un geste plus court qui prend moins de temps, inutile de
s’entraîner, cela se fera instinctivement devant la nécessité. Ce n’est
donc que la phase finale de contraction générale qui doit décider des
modalités
de transmission de l’énergie à l’adversaire. La perte d’énergie due à
un déplacement trop lent ne peut pas être compensée par un kime
miraculeux.
Le kime parfait transmet au maximum E = ½mv2 ;
il ne rajoute
rien, mais comme nous l’avons déjà dit, cette énergie peut provenir de
l’adversaire. En conséquence, le dosage procèdera uniquement par
amputation
d’une partie de l’énergie disponible en jouant sur la durée du kime,
sa pénétration,
l’intensité et la répartition de la contraction musculaire.
Ensuite, le
double kime : après un premier kime, le poing est
libéré pour aller
faire un deuxième kime quelques centimètres plus loin et
quelques millièmes
de seconde plus tard. Le premier kime a comprimé les tissus, le
deuxième
pourra donc se propager plus loin, car les tissus seront plus fermes,
plus
conducteurs. D’autre part, un organe propulsé dans le sens de la frappe
sera
en phase de rebond lors du deuxième kime et encaissera le
deuxième choc
beaucoup plus durement.
Nishiyama sensei parle d’un kime
vibratoire, qui n’est en fait qu’une succession
très rapide de plusieurs kime, dont les effets principaux
pourraient se
manifester avec un jour ou deux de retard, voire une semaine. Nous
entrons là
dans le domaine des techniques dites « secrètes ».
L’intelligence
alliée à de nombreuses années de pratique permettra à quelques
karatékas
privilégiés de pénétrer les arcanes de certaines d’entre elles.
D’autres
seront transmises selon l’ancestral système du maître à son disciple,
cette
relation survivant camouflée dans la pratique de masse actuelle.
L’analyse
hyper fine des composantes du kime doit aboutir à une totale
maîtrise, mais il
faut se souvenir que le mental reste le paramètre crucial. Or, si le
physique
atteint vite ses limites, la sphère psychique recèle des ressources qui
semblent quasiment inépuisables. Par exemple, comme nous l’avons déjà
souligné,
l’esprit doit accompagner l’atemi pour que le kime soit
fort. Dans les kata,
on veillera à ne pas laisser le regard errer au hasard mais à le
focaliser sur
l'adversaire potentiel En kumite, on ne se laissera pas
distraire par
des évènements
sans rapport avec le combat. Certes, la direction du regard n’est
qu’une conséquence de la disponibilité de l’esprit, mais quand
l’instructeur exige que le regard soutienne la technique, il induit
automatiquement la mobilisation de l’esprit à cette fin. Le karatéka
intransigeant qui procède à une introspection sans complaisance
remarquera que
l’engagement total de l’esprit est la clé du kime parfait,
composant
indispensable de la technique efficace. Cela ouvre un
champ d’investigations incommensurable : débarrasser l’esprit des
a
priori, des doutes, des peurs, des conditionnements, des émotions…
C’est-à-dire
le soustraire à toute forme de conflit ; en d’autres termes qu’il
soit
en harmonie… et pourquoi pas avec l’univers ? Quand, avec l’âge,
les
capacités physiques déclinent, il est rassurant de savoir qu’un
potentiel de
progression immense reste accessible.
Le kime est dépendant
de notre disponibilité d’esprit, de notre maîtrise technique et de
notre
condition physique : « shin-ghi–tai ». Son
intensité sera donc éminemment
variable. Toutefois, il est impératif de rechercher l’amélioration
permanente de deux points essentiels :
- La puissance maximale
- La capacité à moduler cette puissance.
Sauf demande
expresse du professeur ou recherche particulière, travaillez toujours
avec kime, donc avec l’esprit entièrement impliqué dans
l’action. C’est la
condition sine qua non pour obtenir une force hors du commun et la
capacité de
la doser.
Quant aux
techniques apparemment sans kime telles que les projections, kansetsu
waza
(techniques de luxation) et dégagements, un kime placé au
moment crucial en décuplera
l’efficacité. Attention au dosage ; l’intégrité physique du
partenaire d’entraînement exige un kime modéré et parfaitement
contrôlé.
Rappelons nous
les principes du zen :
« Quand
je marche, je marche. Quand je mange, je mange. » Ce qui signifie
qu’on
ne fait jamais deux choses en même temps et que l’esprit s’investit
totalement dans l’action du moment.
Soyez zen et dites :
« Quand je fais kime, je
fais kime. » Et que
le regard transperce l’adversaire, que claque le karate-gi et
tremblent les murs !
Sakura sensei

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